Le projet de loi de finances 2025, actuellement en examen à l’Assemblée nationale, suscite de vives inquiétudes.
Si les plus aisés sont dans la ligne de mire, la classe moyenne n’est pas épargnée.
Représentant la moitié de la population française avec des revenus mensuels entre 1 608 et 2 941 euros, cette « France intermédiaire » risque de subir de plein fouet les mesures d’austérité.
Entre gel des salaires et hausses d’impôts, le gouvernement semble déterminé à faire contribuer toutes les strates de la société pour redresser les finances publiques.
Un budget sous tension
Le contexte économique tendu pousse l’exécutif à prendre des mesures drastiques. Face à la dégradation des comptes publics, le gouvernement cherche à dégager des marges de manœuvre financières. Cette quête d’économies touche même les plus hautes sphères de l’État.
L’exemplarité au sommet
Dans un geste symbolique, l’Élysée, l’Assemblée nationale et le Sénat ont renoncé à l’augmentation de leurs dotations initialement prévue. Cette décision permettra d’économiser environ 19 millions d’euros :
- 3 millions pour la présidence de la République
- 16 millions pour le Parlement
Cette mesure, bien que modeste à l’échelle du budget de l’État, vise à montrer l’exemple alors que des efforts sont demandés à l’ensemble de la population.
La classe moyenne dans la tourmente
Plusieurs mesures du budget 2025 risquent d’impacter directement le pouvoir d’achat de la classe moyenne :
Gel du point d’indice des fonctionnaires
Le gouvernement prévoit de geler le point d’indice des fonctionnaires en 2024 et 2025. Cette décision aura un impact direct sur les salaires de 5,67 millions d’agents publics, dont beaucoup appartiennent à la classe moyenne. Dans un contexte inflationniste, ce gel équivaut à une baisse du pouvoir d’achat.
Hausse de la taxe sur l’électricité
Une augmentation de la taxe sur l’électricité est envisagée pour générer 3,5 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Cette mesure toucherait l’ensemble des consommateurs, y compris les ménages de la classe moyenne qui verront leur facture énergétique s’alourdir.
Opposition politique
Face à ces mesures, un front politique inhabituel s’est formé. Toutes les formations politiques s’opposent à l’augmentation de la taxe sur l’électricité. Plus surprenant encore, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national se sont alliés pour tenter de faire supprimer cette hausse, illustrant l’ampleur des inquiétudes suscitées par cette mesure.
Les hauts revenus mis à contribution
Si la classe moyenne est touchée, les plus aisés ne sont pas épargnés par le budget 2025. Plusieurs mesures visent spécifiquement les hauts revenus :
Élargissement de la surtaxe
L’Assemblée nationale a voté l’élargissement et la pérennisation de la surtaxe sur les hauts revenus. Cette mesure vise à augmenter la contribution fiscale des ménages les plus fortunés.
Nouvelle tranche d’imposition pour les héritages
Une nouvelle tranche d’imposition à 49% est créée pour les héritages dépassant 3,6 millions d’euros. Cette mesure cible clairement les grandes fortunes et vise à renforcer la progressivité de la fiscalité sur les successions.
Taux minimal d’imposition
Le budget 2025 instaure un taux minimal d’imposition de 20% pour les plus aisés, sans limite de temps. Cette mesure vise à s’assurer que les très hauts revenus contribuent de manière significative au budget de l’État, quelles que soient les optimisations fiscales utilisées.
Augmentation du prélèvement forfaitaire unique (PFU)
Le PFU, aussi appelé « flat tax », passera de 30% à 33%. Cette hausse touchera principalement les revenus du capital, traditionnellement détenus par les ménages les plus aisés.
Les grandes entreprises dans le viseur
Le monde de l’entreprise n’échappe pas aux efforts demandés pour redresser les finances publiques. Une mesure phare du budget 2025 concerne spécifiquement les grandes entreprises :
Surtaxe exceptionnelle
Une contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises sera instaurée pour une durée de deux ans. Cette surtaxe s’appliquera de la manière suivante :
- 20,6% de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires entre 1 et 3 milliards d’euros
- 41,2% pour celles dépassant les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires
Cette mesure devrait rapporter 8 milliards d’euros en 2025 et 4 milliards en 2026. Environ 400 entreprises sont concernées, dont le géant du luxe LVMH, qui estime le coût entre 700 et 800 millions d’euros pour son groupe.
Débats politiques autour de la surtaxe
Cette surtaxe a suscité de vifs débats à l’Assemblée nationale :
- Le camp présidentiel a tenté, sans succès, d’annuler ou d’affaiblir cette taxe
- La gauche a cherché à la renforcer
- La droite s’y est fermement opposée, la qualifiant de « folie fiscale »
- Le Rassemblement national a soutenu la mesure, y voyant un moyen de rééquilibrer le budget de l’État
Autres mesures fiscales
Le projet de loi de finances 2025 contient plusieurs autres dispositions fiscales notables :
Mesures rejetées
Certaines propositions ont été rejetées par l’Assemblée nationale :
- La hausse du malus automobile
- L’augmentation des taxes pour les chaudières à gaz
Nouvelles taxes
D’autres mesures ont été adoptées :
- Une taxe kilométrique visant à intégrer le coût écologique dans les produits importés
- L’assujettissement à la TVA des locations de meublés de tourisme
Lutte contre l’évasion fiscale
Le renforcement de l’exit tax vise à freiner l’exil fiscal des plus fortunés. Cette mesure s’inscrit dans une volonté plus large de lutter contre l’optimisation fiscale agressive.
Les retraités dans la ligne de mire
Les retraités ne sont pas épargnés par les mesures du budget 2025. Bien que les détails ne soient pas encore tous connus, il est clair que cette catégorie de la population, qui comprend une part importante de la classe moyenne, devra contribuer à l’effort de redressement des finances publiques.
Un recours au 49.3 en vue ?
Face aux nombreuses oppositions et à la difficulté de dégager une majorité claire à l’Assemblée nationale, le gouvernement envisage de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget 2025. Cette possibilité a été discutée en conseil des ministres, soulignant la détermination de l’exécutif à faire passer ses mesures malgré les résistances.
Vers un rééquilibrage fiscal ?
L’ensemble de ces mesures vise à redresser les finances publiques tout en rééquilibrant la participation des différents types de revenus à l’effort fiscal. Le gouvernement cherche à augmenter la contribution des revenus du capital par rapport aux revenus du travail, une orientation qui suscite des débats passionnés sur la justice fiscale et l’attractivité économique de la France.
Alors que le projet de loi de finances 2025 poursuit son parcours législatif, de nombreuses questions restent en suspens. Comment ces mesures impacteront-elles concrètement le pouvoir d’achat des Français ? Quelles seront les conséquences sur la croissance économique ? Le débat ne fait que commencer, et les prochaines semaines s’annoncent cruciales pour l’avenir fiscal et économique du pays.
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- Un budget sous tension
- L’exemplarité au sommet
- La classe moyenne dans la tourmente
- Gel du point d’indice des fonctionnaires
- Hausse de la taxe sur l’électricité
- Opposition politique
- Les hauts revenus mis à contribution
- Élargissement de la surtaxe
- Nouvelle tranche d’imposition pour les héritages
- Taux minimal d’imposition
- Augmentation du prélèvement forfaitaire unique (PFU)
- Les grandes entreprises dans le viseur
- Surtaxe exceptionnelle
- Débats politiques autour de la surtaxe
- Autres mesures fiscales
- Mesures rejetées
- Nouvelles taxes
- Lutte contre l’évasion fiscale
- Les retraités dans la ligne de mire
- Un recours au 49.3 en vue ?
- Vers un rééquilibrage fiscal ?