Lierre : 7 idées reçues qui persistent et comment les démentir

Le lierre, cette plante grimpante aux feuilles persistantes, divise les jardiniers.

Pour certains, c’est un envahisseur à éradiquer, pour d’autres, un allié précieux du jardin. Mais qu’en est-il vraiment ?

Entre mythes tenaces et réalités botaniques, démêlons le vrai du faux concernant cette plante souvent mal-aimée.

1. « Le lierre étouffe et tue les arbres »

C’est probablement l’accusation la plus répandue contre le lierre. On entend souvent dire qu’il « étrangle » les arbres en grimpant le long de leur tronc.

En réalité, le lierre n’est pas une plante parasite comme le gui. Il ne prélève aucune ressource de l’arbre support. Ses racines aériennes (ou crampons) lui servent uniquement à s’accrocher au support, sans pénétrer dans les tissus de l’arbre.

Le lierre peut toutefois poser problème dans certains cas :

  • Sur des arbres déjà affaiblis ou malades
  • Quand il devient très dense et lourd en haut de l’arbre, créant un « effet voile » qui peut augmenter la prise au vent
  • Sur de jeunes arbres dont la croissance pourrait être entravée

Mais sur un arbre sain et mature, le lierre n’est généralement pas un problème. Une étude de l’Université de Oxford a même démontré que 75% des arbres porteurs de lierre ne présentaient aucun signe de stress supplémentaire.

2. « Le lierre abîme les murs et les façades »

On accuse souvent le lierre grimpant de détériorer les murs et les façades des bâtiments.

La vérité est plus nuancée. Le lierre peut effectivement causer des dommages, mais principalement sur des surfaces déjà fragilisées ou présentant des fissures. Ses crampons peuvent s’insérer dans les interstices et aggraver les problèmes existants.

En revanche, sur un mur en bon état :

  • Le lierre peut former une couche protectrice contre les intempéries
  • Il peut améliorer l’isolation thermique du bâtiment
  • Il protège les façades des UV et des variations de température

Des recherches menées par l’Université d’Oxford ont même montré que le lierre pouvait protéger certains types de murs de l’érosion due aux pluies acides. Cependant, il est préférable d’éviter de le faire grimper sur des murs en crépi, en torchis ou présentant déjà des faiblesses structurelles.

3. « Le lierre est une plante envahissante sans intérêt écologique »

Beaucoup considèrent le lierre commun (Hedera helix) comme une « mauvaise herbe » envahissante sans valeur écologique.

C’est tout le contraire ! Le lierre est une plante indigène d’Europe et représente un véritable trésor de biodiversité :

  • Il fleurit en automne (septembre-octobre), offrant du nectar aux abeilles et autres pollinisateurs quand peu d’autres plantes sont en fleur
  • Ses baies noires mûrissent en fin d’hiver, nourrissant les oiseaux pendant la période de disette
  • Son feuillage persistant offre un abri pour de nombreux insectes et petits animaux
  • Il sert de site de nidification pour plusieurs espèces d’oiseaux

Une étude britannique a identifié pas moins de 70 espèces d’insectes et 16 espèces d’oiseaux qui dépendent du lierre pour leur alimentation ou leur habitat. Parmi les oiseaux, on compte le merle, le rouge-gorge et la fauvette à tête noire.

4. « Le lierre est toxique et dangereux »

On entend parfois que le lierre est une plante hautement toxique qu’il faut manipuler avec précaution.

Il convient de nuancer cette affirmation. Les feuilles et les baies de lierre contiennent effectivement des saponines qui peuvent provoquer des troubles digestifs en cas d’ingestion en grande quantité. Mais :

  • Le simple contact avec la plante est inoffensif pour la plupart des gens
  • Certaines personnes peuvent développer une dermatite de contact (réaction allergique cutanée), mais c’est relativement rare
  • En médecine traditionnelle, des extraits de lierre sont utilisés dans des sirops contre la toux

Il est prudent de porter des gants lors de sa manipulation prolongée, surtout si vous avez la peau sensible, et bien sûr d’éviter de consommer ses baies. Mais le lierre ne présente pas plus de danger que beaucoup d’autres plantes de jardin courantes comme le laurier-rose ou le muguet.

5. « Une fois installé, le lierre est impossible à contrôler »

La réputation tenace du lierre est qu’une fois installé, il devient impossible à maîtriser et envahit tout.

S’il est vrai que le lierre est une plante vigoureuse qui peut s’étendre rapidement, il reste tout à fait contrôlable avec un entretien régulier :

  • Une taille annuelle ou bisannuelle suffit généralement à le maintenir dans les limites souhaitées
  • Pour l’éliminer complètement, il faut couper les tiges à la base et arracher les racines
  • Les jeunes pousses sont faciles à retirer

De plus, il existe aujourd’hui de nombreuses variétés horticoles de lierre moins vigoureuses que l’espèce sauvage, comme le ‘Glacier’, l »Hibernica’ ou le ‘Gold Child’, qui sont plus faciles à maintenir dans un espace limité.

Contrairement aux espèces réellement invasives comme la renouée du Japon, le lierre répond bien aux méthodes de contrôle classiques et ne nécessite pas de mesures extrêmes.

6. « Le lierre attire les nuisibles et les parasites »

Certains jardiniers craignent que le lierre n’attire des nuisibles comme les rats, les guêpes ou divers parasites des plantes.

Cette idée reçue mérite d’être corrigée :

  • Le lierre peut effectivement servir d’abri à certains animaux, mais pas plus que d’autres plantes grimpantes ou arbustes denses
  • Il abrite surtout des auxiliaires bénéfiques pour le jardin : coccinelles, chrysopes, syrphes qui sont des prédateurs naturels des pucerons
  • Les études montrent que le lierre est relativement peu attaqué par les parasites et maladies comparé à d’autres plantes

En fait, le lierre peut même jouer un rôle de « plante-hôte » pour les insectes utiles pendant l’hiver, contribuant ainsi à l’équilibre écologique du jardin. Des recherches menées au Royaume-Uni ont montré que les jardins avec du lierre présentaient une plus grande diversité d’insectes auxiliaires que ceux qui en étaient dépourvus.

7. « Le lierre n’a aucune utilité au jardin »

Enfin, beaucoup considèrent le lierre comme une plante sans intérêt ornemental ou pratique pour le jardin.

C’est ignorer ses nombreux atouts :

  • Plante couvre-sol efficace pour les zones ombragées où peu d’autres plantes prospèrent
  • Solution végétale pour masquer un mur disgracieux ou une clôture
  • Feuillage persistant qui apporte de la verdure toute l’année
  • Nombreuses variétés panachées ou aux feuilles de formes variées offrant un intérêt ornemental
  • Capacité à réduire la pollution atmosphérique en milieu urbain

Des recherches de l’Université de Birmingham ont démontré que le lierre était particulièrement efficace pour capter les particules fines de pollution, bien plus que d’autres plantes grimpantes comme la vigne vierge.

Variété de lierreCaractéristiquesUtilisation recommandée
Hedera helix ‘Glacier’Feuilles panachées de blanc, croissance modéréeCouvre-sol, petits espaces
Hedera hibernicaGrandes feuilles, croissance rapideCouverture de grands murs, talus
Hedera helix ‘Gold Child’Feuilles marginées de jauneAccent coloré, zones mi-ombragées

Le lierre peut aussi être utilisé en pot ou en suspension, notamment les variétés compactes. Il est même possible de le tailler en formes topiaires pour un effet décoratif original.

Comment bien gérer le lierre dans son jardin ?

Pour profiter des avantages du lierre tout en évitant les inconvénients potentiels, voici quelques conseils pratiques :

  • Choisir la bonne variété selon l’usage prévu et l’espace disponible
  • Installer des supports solides (treillis, câbles) si vous souhaitez faire grimper le lierre sur un mur fragile, pour éviter le contact direct
  • Tailler régulièrement pour contrôler l’expansion et stimuler la densité du feuillage
  • Éviter de laisser le lierre atteindre le toit où il pourrait endommager les tuiles ou gouttières
  • Surveiller les arbres supports et tailler le lierre s’ils montrent des signes d’affaiblissement

Avec ces précautions simples, le lierre peut devenir un allié précieux du jardinier écologique, apportant biodiversité et solutions pratiques à de nombreux problèmes d’aménagement.

Alors, avant d’arracher systématiquement cette plante mal-aimée, prenez le temps de reconsidérer ses nombreux atouts. Le lierre mérite peut-être une seconde chance dans nos jardins et nos espaces verts urbains.

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