Le gouvernement sur le point d’instaurer une deuxième journée de solidarité ? Voici pourquoi les Ehpad pourraient en être les grands gagnants !

La France pourrait-elle bientôt compter un jour férié de moins ?

C’est l’idée qui fait son chemin au sein du gouvernement.

Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a récemment qualifié de « très intéressante » la proposition d’instaurer une deuxième journée de solidarité.

Cette piste, initialement suggérée dans un rapport sénatorial, vise à répondre aux défis financiers croissants auxquels font face les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Alors que le débat s’intensifie, examinons de plus près les enjeux, les réactions et les implications potentielles d’une telle mesure pour notre société.

Le contexte : un secteur des Ehpad en difficulté

Les Ehpad traversent une période particulièrement délicate. Ces établissements, qui accueillent plus de 600 000 résidents à travers la France, font face à des défis financiers sans précédent. Entre 2020 et 2023, la proportion d’établissements déficitaires a bondi de 27% à 66%. Cette situation alarmante a poussé les autorités à chercher des solutions innovantes pour assurer la pérennité de ces structures essentielles.

Le financement actuel des Ehpad repose sur un modèle tripartite :

  • Les départements prennent en charge les coûts liés à la dépendance
  • L’agence régionale de santé finance les soins
  • Les résidents assument les frais d’hébergement

Malgré ce système, les difficultés persistent, mettant en péril la qualité des soins et l’accès à ces établissements pour nos aînés.

La proposition d’une deuxième journée de solidarité

Face à ces défis, un rapport sénatorial présenté fin septembre 2023 a relancé l’idée d’une deuxième journée de solidarité. Cette proposition vise à générer des fonds supplémentaires pour « reconstruire » le modèle des Ehpad.

Concrètement, cette mesure pourrait se traduire par :

  • La suppression d’un jour férié existant
  • Une journée de travail supplémentaire non rémunérée pour les salariés
  • Une contribution patronale versée à la Sécurité sociale

Selon les estimations, cette initiative pourrait rapporter environ 2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires, une somme non négligeable pour soutenir le secteur des Ehpad.

La réaction du gouvernement

La proposition a trouvé un écho favorable au sein du gouvernement. Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, a qualifié l’idée de « très intéressante » lors d’une intervention sur LCI. Il a souligné que la France travaille moins que d’autres pays sur l’ensemble d’une vie, et qu’il est nécessaire d’augmenter le temps de travail pour renforcer l’économie du pays.

Dans la même veine, Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, a apporté son soutien à cette initiative sur TF1, affirmant qu’elle contribuerait à l’effort de redressement du pays.

Ces déclarations s’inscrivent dans une stratégie plus large du gouvernement visant à augmenter le temps de travail en France. Le ministre a notamment réaffirmé l’importance des réformes sur les retraites et l’assurance-chômage pour atteindre cet objectif.

L’opinion publique divisée

Malgré l’enthousiasme du gouvernement, l’idée d’une deuxième journée de solidarité ne fait pas l’unanimité au sein de la population. Un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV révèle que :

  • 69% des Français sont opposés à l’instauration d’une deuxième journée de solidarité en remplacement d’un jour férié
  • Parmi les opposants, 40% se déclarent « très opposés » à cette mesure
  • 72% des actifs et 66% des retraités rejettent cette proposition

Ces chiffres montrent une réticence significative de la population face à l’idée de travailler davantage, même pour une cause aussi importante que le financement des Ehpad.

Des alternatives envisagées

Face à ces réactions mitigées, d’autres pistes sont explorées pour améliorer la situation des Ehpad. Les sénatrices Chantal Deseyne, Solanges Nadille, et Anne Souyris ont notamment suggéré de pérenniser le fonds d’urgence de 100 millions d’euros débloqué en juillet 2023.

Par ailleurs, le cabinet Elabe a sondé les Français sur d’autres mesures concernant la fonction publique :

  • L’augmentation des jours de carence à trois jours : soutenue par deux tiers des Français
  • Le plafonnement de la rémunération à 90% pendant les trois premiers mois d’un congé maladie ordinaire : approuvé par 60% des sondés

Ces mesures reçoivent un soutien majoritaire des salariés du secteur privé, mais sont largement rejetées par les agents de la fonction publique.

Les implications d’une deuxième journée de solidarité

Si cette proposition venait à se concrétiser, elle aurait des répercussions significatives sur le monde du travail en France. Actuellement, le lundi de Pentecôte est déjà transformé en jour de solidarité. L’ajout d’une deuxième journée soulève plusieurs questions :

  • Quel jour férié serait supprimé ?
  • Comment les entreprises et les salariés s’adapteraient-ils à cette nouvelle contrainte ?
  • Quels seraient les impacts sur la productivité et le bien-être des travailleurs ?

Il ne faut pas oublier de signaler que les règles actuelles concernant la journée de solidarité varient entre les secteurs public et privé. Dans certains cas, le jour choisi peut être un jour férié ou une RTT, offrant une certaine flexibilité aux employeurs et aux employés.

Le débat s’inscrit dans un contexte plus large

La discussion autour d’une deuxième journée de solidarité s’inscrit dans un débat plus large sur l’avenir du travail en France. Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a récemment relancé des mesures visant à faciliter les licenciements en cas d’insuffisance professionnelle, une proposition soutenue par 71% des Français selon le sondage Elabe.

Ces différentes initiatives témoignent d’une volonté gouvernementale de réformer en profondeur le marché du travail français, avec pour objectif d’augmenter la productivité et de renforcer la compétitivité du pays.

Vers une solution équilibrée ?

Alors que le débat se poursuit, il apparaît clairement qu’une solution équilibrée devra être trouvée. D’un côté, la nécessité de financer adéquatement les Ehpad et de prendre soin de nos aînés est indéniable. De l’autre, les réticences de la population face à l’idée de travailler davantage ne peuvent être ignorées.

Le gouvernement devra faire preuve de pédagogie et de créativité pour proposer une solution qui réponde aux besoins du secteur des Ehpad tout en tenant compte des aspirations des travailleurs français. Le dialogue social et la concertation avec les partenaires sociaux seront cruciaux dans les mois à venir pour trouver un compromis acceptable par tous.

Alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 est actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, la question d’une deuxième journée de solidarité reste au cœur des débats. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir de cette proposition et, plus largement, pour l’organisation du travail en France.

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