Junko Tabei : première femme au sommet de l’Everest – Zoom sur un exploit qui a marqué l’histoire de l’alpinisme

L’ascension du mont Everest fascine depuis des décennies.

Cette montagne mythique, point culminant de notre planète, a longtemps été considérée comme le défi ultime pour les alpinistes du monde entier.

Parmi les pionniers qui ont réussi cet exploit, une femme s’est particulièrement distinguée : Junko Tabei.

Son nom est entré dans l’histoire en 1975 lorsqu’elle est devenue la première femme à atteindre le « toit du monde ».

Retour sur le parcours exceptionnel de cette alpiniste japonaise qui a brisé les barrières du genre dans un sport longtemps dominé par les hommes.

Les débuts d’une passion

Née en 1939 à Miharu, dans la préfecture de Fukushima au Japon, Junko Tabei découvre l’alpinisme dès son plus jeune âge. À seulement 10 ans, lors d’une sortie scolaire au mont Nasu dans le parc national de Nikkō, elle gravit sa première montagne. Cette expérience marque le début d’une véritable passion qui ne la quittera plus.

Ce qui séduit immédiatement la jeune Junko dans l’alpinisme, c’est son caractère non compétitif et la possibilité de contempler des paysages à couper le souffle. Malheureusement, les moyens limités de sa famille ne lui permettent pas de pratiquer autant qu’elle le souhaiterait durant son adolescence.

Un parcours semé d’obstacles

Après ses études à l’université pour femmes de Showa, Junko Tabei intègre plusieurs clubs d’alpinisme. Cependant, son arrivée dans ce milieu traditionnellement masculin n’est pas toujours bien accueillie. Certains de ses pairs masculins vont jusqu’à insinuer qu’elle ne s’est inscrite que pour trouver un mari, illustrant les préjugés sexistes auxquels elle doit faire face.

Loin de se laisser décourager, Junko Tabei décide en 1969 de fonder le Joshi-Tohan Club (Club d’alpinisme féminin), une première au Japon. La devise du club, « Partons en expédition à l’étranger par nous-mêmes », reflète l’esprit d’indépendance et de détermination de sa fondatrice.

Les premières expéditions

Dès l’année suivante, le Joshi-Tohan Club passe à l’action avec une expédition au Népal. Le groupe réalise un premier exploit en atteignant le sommet de l’Annapurna III, devenant ainsi la première équipe féminine et japonaise à y parvenir.

Forte de ce succès, l’équipe se fixe un objectif encore plus ambitieux : gravir l’Everest. Elles déposent une demande de permis d’ascension en 1971, mais il leur faudra patienter quatre longues années avant d’obtenir l’autorisation en 1975.

L’expédition historique de 1975

L’expédition du Joshi-Tohan Club sur l’Everest en 1975 est composée de 15 femmes, dont deux mères, parmi lesquelles Junko Tabei. Six guides sherpas les accompagnent dans cette aventure qui suscite un vif intérêt médiatique.

Le début de l’ascension se déroule sans encombre, mais à 6 300 mètres d’altitude, un drame manque de mettre fin à l’expédition. Une avalanche s’abat sur le campement, ensevelissant Tabei et quatre de ses coéquipières sous la neige. Lorsqu’elle est dégagée, Junko a perdu connaissance et peut à peine marcher.

Malgré cet incident traumatisant, Junko Tabei fait preuve d’une résilience extraordinaire. Après seulement deux jours de récupération, elle reprend l’ascension. En raison du manque d’oxygène, une seule femme peut tenter l’assaut final. Ses coéquipières choisissent Junko pour cette ultime étape.

Le jour J : 16 mai 1975

Le 16 mai 1975, soit douze jours seulement après l’avalanche, Junko Tabei atteint enfin le sommet de l’Everest. À 35 ans, elle devient ainsi la première femme à fouler le toit du monde, à 8 848 mètres d’altitude. Elle est la 36e personne tous sexes confondus à réaliser cet exploit.

Une célébrité malgré elle

L’exploit de Junko Tabei la propulse immédiatement au rang de célébrité mondiale. Pourtant, elle se montre mal à l’aise avec cette notoriété soudaine. Elle affirme n’avoir jamais eu l’intention d’être la première femme à gravir l’Everest et préfère être simplement reconnue comme la 36e personne à avoir atteint le sommet.

Une carrière d’alpiniste prolifique

Loin de se reposer sur ses lauriers, Junko Tabei poursuit sa carrière d’alpiniste avec passion. Au fil des années, elle réussit à gravir les plus hauts sommets de chaque continent, réalisant ainsi le « Grand Chelem » des alpinistes. Elle organise régulièrement des expéditions sur le mont Fuji, écrit plusieurs ouvrages sur ses expériences et donne des conférences pour financer ses aventures à travers le monde.

L’héritage de Junko Tabei

L’exploit de Junko Tabei sur l’Everest a ouvert la voie à de nombreuses autres femmes alpinistes. Elle a prouvé que le genre n’était pas un obstacle à la réalisation de grands exploits en haute montagne. Son parcours inspire encore aujourd’hui des générations d’alpinistes, hommes et femmes confondus.

Au-delà de ses performances sportives, Junko Tabei s’est engagée pour la protection de l’environnement montagnard. Elle a notamment milité pour une pratique responsable de l’alpinisme et la préservation des écosystèmes fragiles de haute altitude.

Les leçons à tirer de l’aventure de Junko Tabei

L’histoire de Junko Tabei nous enseigne plusieurs leçons précieuses :

  • La persévérance : malgré les obstacles financiers, sociaux et même naturels (l’avalanche), elle n’a jamais renoncé à son rêve.
  • L’importance de créer sa propre voie : en fondant son propre club d’alpinisme féminin, elle a su contourner les barrières du monde masculin de l’alpinisme.
  • L’humilité : malgré son exploit historique, elle est restée modeste, préférant mettre en avant sa passion pour la montagne plutôt que ses records personnels.
  • L’engagement : au-delà de ses performances sportives, elle s’est engagée pour des causes qui lui tenaient à cœur, comme la protection de l’environnement.

Junko Tabei a quitté ce monde en 2016, mais son héritage perdure. Elle reste un symbole de courage, de détermination et d’audace pour tous ceux qui osent rêver grand et repousser leurs limites, que ce soit dans l’alpinisme ou dans n’importe quel autre domaine de la vie.

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