Ces haies qui bordent les champs ont une utilité insoupçonnée (et ce n’est pas juste contre le vent)

Les paysages agricoles français se transforment.

De plus en plus d’exploitants replantent des haies autour de leurs champs.

Cette pratique, abandonnée pendant des décennies au profit de grandes parcelles dégagées, fait son grand retour.

Et pour cause : les agriculteurs redécouvrent les nombreux avantages de ces barrières naturelles, en particulier leur rôle de brise-vent.

Mais les bénéfices ne s’arrêtent pas là.

Ces alignements d’arbres et d’arbustes jouent un rôle crucial pour la biodiversité, la qualité des sols et même le rendement des cultures.

Le vent, ennemi invisible des cultures

Le vent peut causer de sérieux dégâts aux cultures :

  • Dessèchement des plantes
  • Érosion des sols
  • Verse des céréales (plantes couchées au sol)
  • Dommages mécaniques sur les fruits et légumes

Face à ces menaces, les haies constituent une protection efficace et naturelle. Elles agissent comme un brise-vent, réduisant la vitesse du vent jusqu’à 30% sur une distance pouvant atteindre 15 à 20 fois leur hauteur.

Comment les haies protègent-elles du vent ?

Le mécanisme est simple mais ingénieux :

  1. La haie freine le vent et le force à s’élever
  2. L’air passe au-dessus et à travers la végétation
  3. La vitesse du vent diminue progressivement derrière la haie
  4. Une zone protégée se crée, où les cultures sont moins exposées

L’efficacité d’une haie brise-vent dépend de plusieurs facteurs :

  • Sa hauteur : plus elle est haute, plus la zone protégée est grande
  • Sa perméabilité : une haie semi-perméable (40-50%) est idéale
  • Son orientation : perpendiculaire aux vents dominants
  • Sa longueur : elle doit être suffisante pour éviter les effets de bord

Les multiples bénéfices des haies pour l’agriculture

Au-delà de leur rôle de brise-vent, les haies offrent de nombreux avantages :

1. Régulation du microclimat

Les haies créent un microclimat favorable aux cultures :

  • Réduction des écarts de température
  • Augmentation de l’humidité de l’air
  • Diminution de l’évapotranspiration des plantes

Ces conditions peuvent améliorer les rendements de 5 à 30% selon les cultures.

2. Lutte contre l’érosion des sols

Les racines des arbres et arbustes stabilisent le sol, limitant l’érosion éolienne et hydrique. Elles retiennent les particules fines et la matière organique, préservant la fertilité des terres agricoles.

3. Refuge pour la biodiversité

Les haies sont de véritables oasis de biodiversité :

  • Abri pour les insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons)
  • Habitat pour les auxiliaires de culture (coccinelles, oiseaux insectivores)
  • Corridors écologiques pour la faune sauvage

Cette biodiversité contribue à l’équilibre de l’écosystème agricole et peut réduire le recours aux pesticides.

4. Régulation hydraulique

Les haies jouent un rôle important dans la gestion de l’eau :

  • Ralentissement du ruissellement
  • Infiltration de l’eau dans le sol
  • Réduction des risques d’inondation
  • Épuration naturelle de l’eau

5. Production de biomasse

Les haies peuvent être une source de revenus complémentaires :

  • Bois de chauffage
  • Bois d’œuvre
  • Fruits et baies
  • Fourrage pour le bétail

Comment planter une haie efficace ?

La création d’une haie brise-vent nécessite une réflexion et une planification minutieuses :

1. Choix des essences

Il est recommandé de mélanger différentes espèces locales et adaptées au climat :

  • Arbres de haut jet : chêne, frêne, érable
  • Arbres intermédiaires : charme, noisetier, aubépine
  • Arbustes : prunellier, troène, sureau

Cette diversité renforce la résistance de la haie aux maladies et aux parasites.

2. Structure de la haie

Une haie efficace comporte plusieurs strates :

  • Strate arborée (15-20 m)
  • Strate arbustive haute (7-12 m)
  • Strate arbustive basse (2-7 m)
  • Strate herbacée

3. Plantation et entretien

Quelques règles à suivre :

  • Planter en automne ou en hiver
  • Respecter les distances de plantation (1 à 2 m entre les plants)
  • Protéger les jeunes plants (paillage, protection contre les animaux)
  • Tailler régulièrement pour maintenir la forme et la densité souhaitées

Les défis de la replantation des haies

Malgré leurs nombreux avantages, la replantation des haies se heurte à certains obstacles :

1. Coût et temps

La plantation et l’entretien des haies représentent un investissement important :

  • Coût de plantation : 5 à 15 € par mètre linéaire
  • Temps d’entretien : 2 à 3 heures par an pour 100 mètres de haie

Des aides financières existent pour encourager les agriculteurs (PAC, collectivités locales).

2. Perte de surface cultivable

Les haies occupent de l’espace, réduisant la surface cultivable. Cependant, les gains de rendement sur les zones protégées compensent généralement cette perte.

3. Changement de pratiques

L’intégration des haies nécessite une adaptation des techniques culturales et du matériel agricole.

L’avenir des haies dans l’agriculture française

La replantation des haies s’inscrit dans une tendance plus large de transition agroécologique. Les pouvoirs publics soutiennent cette démarche, avec l’objectif ambitieux de planter 7000 km de haies par an d’ici 2050.

Des initiatives innovantes émergent :

  • Agroforesterie : association d’arbres et de cultures sur une même parcelle
  • Haies fruitières : combinaison de production fruitière et de brise-vent
  • Haies énergétiques : valorisation du bois pour la production de chaleur

Les agriculteurs redécouvrent ainsi les vertus des haies, alliant protection des cultures, préservation de l’environnement et diversification des revenus. Ces alignements d’arbres et d’arbustes, loin d’être de simples éléments décoratifs, s’affirment comme de véritables alliés pour une agriculture plus durable et résiliente face aux défis climatiques.

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